La Maison Du Bilan, Neuropsychologie et psychologie clinique à Paris 9

Quelles sont les innovations technologiques pour aider les personnes atteintes de troubles de la mémoire ?


La mémoire, cette faculté cognitive cruciale et pourtant fragile, représente le socle de notre identité et de notre fonctionnement quotidien. Un simple parfum peut raviver un souvenir d’enfance oublié depuis des décennies, tandis qu’un traumatisme crânien peut effacer des années entières de notre histoire personnelle. Notre mémoire n’est pas un enregistreur passif mais un système dynamique en perpétuelle reconstruction.

Les troubles de la mémoire constituent un défi majeur pour notre société vieillissante. Avec plus de 55 millions de personnes atteintes de démence dans le monde selon l’OMS, et ce chiffre devant presque doubler tous les 20 ans, l’impact humain et économique est considérable. Au-delà des formes neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, les troubles mnésiques peuvent résulter d’accidents vasculaires cérébraux, de traumatismes crâniens ou d’autres affections neurologiques.

Face à ces défis, une constellation d’innovations technologiques émerge, portée par les progrès convergents des neurosciences, de l’informatique et de l’ingénierie biomédicale. Ces technologies ne se contentent plus de pallier les déficits mnésiques mais proposent désormais des approches restauratives et augmentatives. L’intégration de l’intelligence artificielle, des interfaces cerveau-machine et des thérapies personnalisées ouvre un champ d’investigation prometteur.

A quoi pourrait ressembler la prise en charge des troubles mnésiques dans les années à venir ? Nous examinerons le spectre des innovations disponibles et émergentes, des applications mobiles aux implants neuronaux, en passant par les environnements thérapeutiques virtuels et les dispositifs de stimulation cérébrale. Notre analyse s’attachera à distinguer les approches validées scientifiquement des promesses spéculatives, tout en considérant les implications éthiques de ces technologies augmentatives de la mémoire.

A. Fondements neurobiologiques et classification des troubles mnésiques

A.1. Architecture neuronale de la mémoire

La mémoire ne constitue pas une entité homogène mais plutôt un ensemble de processus distincts pouvant être affectés différemment selon la pathologie. La distinction fondamentale entre mémoire déclarative (explicite) et non-déclarative (implicite) s’accompagne d’une cartographie cérébrale spécifique. La mémoire déclarative, dépendante de l’hippocampe et des structures temporales médianes, se subdivise en mémoire épisodique (autobiographique) et mémoire sémantique (connaissances générales). La mémoire procédurale, relevant des ganglions de la base et du cervelet, reste généralement préservée dans certaines pathologies comme la maladie d’Alzheimer, permettant ainsi l’apprentissage de routines comportementales malgré la détérioration d’autres systèmes mnésiques.

Les recherches en neuroimagerie fonctionnelle ont considérablement affiné notre compréhension des réseaux neuronaux impliqués dans l’encodage, la consolidation et la récupération mnésiques. Les techniques d’imagerie de pointe comme l’IRMf à haute résolution et la tomographie par émission de positons (TEP) permettent désormais d’observer les modifications métaboliques et fonctionnelles associées aux déficits mnésiques spécifiques. Cette compréhension neuroanatomique et neurophysiologique constitue le fondement du développement des technologies ciblées.

A.2. Typologie des troubles mnésiques et besoins technologiques différenciés

L’hétérogénéité des troubles mnésiques nécessite une approche technologique différenciée. Les amnésies antérogrades, caractéristiques des stades précoces de la maladie d’Alzheimer, requièrent des systèmes d’aide à l’encodage de nouvelles informations. Les déficits de mémoire prospective, cette capacité à se souvenir d’accomplir une action future, nécessitent des systèmes de rappel contextualisés. Les troubles de la mémoire autobiographique, particulièrement douloureux pour les patients et leurs proches, peuvent bénéficier de technologies de stimulation et de récupération mnésique personnalisées.

Les comorbidités neuropsychiatriques fréquemment associées aux troubles mnésiques, comme l’apathie, la dépression ou l’anxiété, modulent significativement l’efficacité des interventions technologiques, suggérant la nécessité d’une approche holistique et multimodale.

B. Technologies d’assistance cognitive externe

B.1. Évolution des assistants numériques personnalisés

Les assistants numériques ont connu une transformation majeure, passant de simples aide-mémoire à des systèmes adaptatifs capables d’apprentissage contextuel. Les applications comme CogniFit Memory, BrainHQ ou Lumosity proposent des programmes d’entraînement cognitif personnalisés basés sur les déficits spécifiques identifiés. Leur efficacité, longtemps questionnée, commence à être étayée par des études longitudinales montrant des bénéfices modestes mais significatifs, particulièrement lorsque ces outils sont intégrés à une prise en charge multimodale.

Les assistants vocaux intelligents comme Alexa ou Google Home ont été adaptés pour répondre aux besoins spécifiques des personnes souffrant de troubles mnésiques. Leur interface conversationnelle naturelle réduit la charge cognitive associée à l’utilisation de technologies traditionnelles. Des études récentes démontrent que ces assistants, lorsqu’ils sont configurés avec des protocoles adaptés, améliorent significativement l’autonomie quotidienne et réduisent la charge des aidants.

B.2. Systèmes de mémoire prothétique multimodaux

Les systèmes de mémoire prothétique représentent une avancée significative dans le domaine des technologies d’assistance. Le système SenseCam, devenu Narrative Clip puis Microsoft HoloLens, capture automatiquement des images de la vie quotidienne pour constituer un journal visuel accessible. Les évaluations cliniques de ces dispositifs montrent une amélioration de la mémoire autobiographique, particulièrement dans les cas de troubles mnésiques modérés.

L’émergence de dispositifs multimodaux intégrant capteurs physiologiques, géolocalisation et reconnaissance contextuelle permet une assistance mnésique adaptée en temps réel. Le projet COACH (Cognitive Orthosis for Assisting aCtivities in the Home) illustre cette approche en combinant vision par ordinateur et intelligence artificielle pour guider les patients à travers des activités quotidiennes complexes, avec une adaptabilité au niveau d’assistance requis.

B.3. Accessibilité et adaptation aux capacités préservées

L’efficacité des technologies d’assistance cognitive est conditionnée par leur accessibilité et leur adaptation aux capacités préservées des utilisateurs. L’approche du “design universel” minimise la charge cognitive nécessaire à l’utilisation des dispositifs. Les interfaces tangibles et les systèmes basés sur des métaphores familières facilitent l’appropriation technologique par les personnes âgées ou atteintes de troubles neurocognitifs.

La personnalisation des interfaces selon les préférences et l’histoire personnelle des utilisateurs améliore significativement l’adhésion thérapeutique. Des études récentes montrent que l’intégration d’éléments biographiques significatifs (photographies personnelles, musiques préférées) dans les interfaces augmente l’engagement et l’efficacité des systèmes d’aide à la mémoire.

C. Réhabilitation cognitive par réalité virtuelle et augmentée

C.1. Environnements thérapeutiques immersifs

La réalité virtuelle (RV) et la réalité augmentée (RA) ont considérablement évolué, passant du statut de technologies expérimentales à des outils cliniques validés. Ces technologies permettent la création d’environnements contrôlés pour l’entraînement mnésique dans des contextes écologiquement valides. Des études randomisées contrôlées démontrent que l’immersion en RV permet une amélioration significative du transfert des compétences mnésiques acquises vers les situations de la vie quotidienne.

Les environnements virtuels permettent la gradation précise des stimuli et des défis cognitifs, facilitant une progression thérapeutique optimale. La possibilité de répéter indéfiniment des scénarios spécifiques sans fatigue du thérapeute constitue un avantage majeur, particulièrement pour les patients nécessitant une exposition prolongée pour l’apprentissage.

C.2. Navigation spatiale et mémoire topographique

Les déficits de navigation spatiale, particulièrement handicapants dans la vie quotidienne, peuvent être spécifiquement ciblés par des technologies de réalité virtuelle. Des systèmes comme Virtual Reality Cognitive Training (VRCT) permettent l’entraînement de la mémoire topographique à travers des environnements virtuels reproduisant le domicile du patient ou des lieux publics pertinents. L’amélioration des capacités d’orientation spatiale se traduit par une réduction de l’angoisse liée au déplacement et une augmentation de l’autonomie.

Les technologies de RA offrent une assistance contextuelle en superposant des informations pertinentes sur l’environnement réel. Les lunettes intelligentes équipées de systèmes de reconnaissance faciale peuvent, par exemple, afficher discrètement le nom et la relation d’une personne approchant, compensant ainsi les déficits de mémoire sociale particulièrement stigmatisants.

C.3. Apprentissage procédural et routines quotidiennes

L’apprentissage de routines quotidiennes, essentiel à l’autonomie, bénéficie particulièrement des approches par RV et RA. Ces technologies exploitent la relative préservation de la mémoire procédurale dans certaines pathologies comme la maladie d’Alzheimer. Des études longitudinales montrent que l’entraînement virtuel de séquences d’actions quotidiennes (préparation de repas, gestion de médicaments) conduit à une amélioration durable des performances dans l’environnement réel.

L’intégration de techniques de “vanishing cues” (indices s’estompant progressivement) dans les environnements virtuels optimise le transfert vers l’autonomie réelle. Ces approches reposent sur les principes d’apprentissage sans erreur, particulièrement adaptés aux personnes atteintes de troubles mnésiques.

D. Neuromodulation et stimulation cérébrale

D.1. Stimulation cérébrale non-invasive

Les techniques de stimulation cérébrale non-invasive comme la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) et la stimulation transcrânienne à courant direct (tDCS) représentent une approche prometteuse pour la modulation des circuits mnésiques. Leur mécanisme d’action repose sur la modification de l’excitabilité neuronale et la plasticité synaptique. Des essais cliniques récents montrent des effets positifs sur la mémoire de travail et la mémoire épisodique chez des patients présentant des troubles cognitifs légers.

Le ciblage précis des régions cérébrales impliquées dans les processus mnésiques spécifiques s’est considérablement affiné grâce à la neuronavigation guidée par IRM. Cette précision accrue permet d’optimiser l’efficacité thérapeutique tout en minimisant les effets secondaires. Les protocoles de stimulation thêta-burst intermittente ciblant le cortex préfrontal dorsolatéral montrent des résultats particulièrement encourageants pour l’amélioration de la mémoire de travail.

D.2. Implants et interfaces cerveau-machine pour la mémoire

Les approches invasives de stimulation cérébrale représentent la frontière la plus avancée des technologies d’augmentation mnésique. Les travaux pionniers du professeur Theodore Berger sur les prothèses hippocampiques illustrent le potentiel de ces approches. Ces dispositifs implantables visent à reproduire les patterns de signaux neuronaux naturels impliqués dans la formation de la mémoire, agissant comme un “pont” neuronal dans les circuits endommagés.

Les recherches menées par la DARPA dans le cadre du programme Restoring Active Memory (RAM) ont démontré qu’une stimulation électrique ciblée de l’hippocampe pendant la phase d’encodage peut améliorer significativement la formation de nouveaux souvenirs. Ces approches, bien que prometteuses, demeurent expérimentales et soulèvent d’importantes questions éthiques concernant la modification artificielle des processus mnésiques fondamentaux.

D.3. Neurostimulation adaptative et boucles fermées

L’évolution majeure des technologies de neurostimulation réside dans le développement de systèmes adaptatifs en boucle fermée. Contrairement aux approches traditionnelles délivrant une stimulation prédéterminée, ces systèmes analysent en temps réel l’activité cérébrale et ajustent les paramètres de stimulation en fonction des besoins instantanés. Cette approche “intelligente” permet d’optimiser l’efficacité thérapeutique tout en minimisant les effets secondaires.

Les systèmes de neurofeedback avancés utilisant l’électroencéphalographie à haute densité (HD-EEG) ou la magnétoencéphalographie (MEG) permettent un entraînement ciblé des oscillations neuronales associées aux processus mnésiques spécifiques. Des études préliminaires montrent que l’entraînement des oscillations thêta hippocampiques améliore la consolidation mnésique chez des patients atteints de troubles cognitifs légers.

E. Approches pharmacologiques assistées par technologies

E.1. Phénotypage digital et médecine de précision

Le phénotypage digital constitue une révolution dans la caractérisation fine des troubles mnésiques et la personnalisation des approches thérapeutiques. La collecte passive de données comportementales via smartphones et objets connectés permet une évaluation écologique et longitudinale des fluctuations cognitives. Ces données, analysées par des algorithmes d’apprentissage automatique, révèlent des patterns spécifiques associés à des sous-types de troubles mnésiques, orientant ainsi le choix thérapeutique.

La combinaison du phénotypage digital avec des biomarqueurs biologiques (imagerie, génétique, protéomique) permet une médecine de précision adaptée au profil neurobiologique spécifique de chaque patient. Cette approche intégrée optimise l’efficacité des interventions pharmacologiques en ciblant les mécanismes pathophysiologiques spécifiques sous-jacents aux déficits mnésiques individuels.

E.2. Systèmes de délivrance médicamenteuse intelligents

Les technologies de délivrance médicamenteuse intelligente représentent une avancée significative dans l’optimisation des traitements pharmacologiques des troubles mnésiques. Des dispositifs implantables programmables permettent une administration précise et localisée de substances neuroactives, maximisant l’effet thérapeutique tout en minimisant les effets systémiques indésirables.

Les systèmes de micro-pompes contrôlées par capteurs physiologiques permettent une administration contextuelle de médicaments en fonction de l’état cognitif ou émotionnel du patient. Cette approche “chronopharmacologique” tient compte des variations circadiennes de la sensibilité neurochimique et des fluctuations de l’état mnésique pour optimiser l’intervention pharmacologique.

E.3. Thérapies combinées et potentialisation technologique

L’approche multimodale combinant interventions pharmacologiques et technologies cognitives montre une efficacité supérieure aux monothérapies. Les études récentes démontrent que certaines technologies cognitives potentialisent l’effet des médicaments procognitifs par des mécanismes de plasticité synaptique activité-dépendante. Par exemple, l’entraînement cognitif informatisé réalisé pendant la fenêtre thérapeutique d’un inhibiteur de l’acétylcholinestérase améliore significativement les performances mnésiques par rapport à chaque intervention isolée.

Les approches de neuromodulation pharmacologique ciblée, combinant stimulation électrique et administration locale de neurotransmetteurs ou neuromodulateurs, représentent une frontière prometteuse pour les troubles mnésiques résistants aux approches conventionnelles.

F. Intelligence artificielle et systèmes prédictifs

F.1. Algorithmes prédictifs et détection précoce

L’intelligence artificielle transforme la détection et le suivi des troubles mnésiques grâce à des algorithmes prédictifs sophistiqués. Des systèmes comme CANTAB (Cambridge Neuropsychological Test Automated Battery) intègrent désormais des modèles d’apprentissage profond capables d’identifier des subtils déficits cognitifs plusieurs années avant l’apparition des symptômes cliniquement significatifs. Ces systèmes analysent des micro-patterns comportementaux imperceptibles à l’évaluation clinique traditionnelle.

Les approches multimodales combinant données cognitives, linguistiques et motrices atteignent une sensibilité et une spécificité supérieures à 90% dans l’identification précoce des troubles neurocognitifs. L’analyse automatisée des patterns linguistiques dans le discours spontané, révélant des modifications subtiles de complexité syntaxique et de richesse sémantique, constitue un biomarqueur particulièrement prometteur pour la détection précoce.

F.2. Assistants cognitifs adaptatifs

Les assistants cognitifs adaptatifs représentent l’évolution sophistiquée des aides-mémoire traditionnels. Contrairement à leurs prédécesseurs, ces systèmes apprennent continuellement des interactions avec l’utilisateur, anticipent ses besoins mnésiques et adaptent leur niveau d’assistance en fonction de l’évolution du trouble cognitif. Des systèmes comme OrientStream ou MindMate utilisent des algorithmes d’apprentissage par renforcement pour optimiser l’assistance fournie.

L’intégration de ces assistants dans des écosystèmes domotiques intelligents permet une assistance contextuelle omniprésente. Les capteurs environnementaux détectent les activités en cours et déclenchent proactivement des rappels ou des guidages adaptés, minimisant ainsi la charge cognitive nécessaire pour initier une demande d’aide.

F.3. Systèmes de recommandation thérapeutique personnalisée

L’analyse de grandes bases de données cliniques par intelligence artificielle permet l’émergence de systèmes de recommandation thérapeutique personnalisée. Ces systèmes identifient, pour chaque profil de patient, les combinaisons d’interventions technologiques et pharmacologiques ayant démontré la plus grande efficacité chez des profils similaires. Cette approche de médecine personnalisée optimise les parcours thérapeutiques en minimisant les essais-erreurs coûteux en temps et en ressources.

Les plateformes d’intelligence artificielle explicable (XAI) permettent aux cliniciens de comprendre le raisonnement sous-jacent aux recommandations algorithmiques, facilitant ainsi l’intégration de ces systèmes dans la pratique clinique.

G. Considérations éthiques et sociétales

G.1. Protection des données neurocognitives et intimité mnésique

L’utilisation croissante de technologies collectant et analysant des données neurocognitives soulève d’importantes questions concernant la confidentialité et l’autodétermination informationnelle. La mémoire constituant un élément fondamental de l’identité personnelle, sa surveillance et sa manipulation technologique nécessitent un cadre éthique robuste. Le concept émergent de “neurodroits” vise à protéger l’intégrité cognitive des individus face à ces technologies.

Les implications du stockage externe de données mnésiques personnelles, particulièrement pour les personnes vulnérables, doivent être soigneusement évaluées. Des questions cruciales émergent concernant la propriété de ces données, leur accessibilité par des tiers et la possibilité de manipulation ou de suppression sélective de souvenirs.

G.2. Accessibilité économique et fracture technologique

Le risque d’une fracture technologique creusant les inégalités d’accès aux soins mnésiques est substantiel. Les technologies avancées d’assistance cognitive demeurent coûteuses et souvent non remboursées par les systèmes de santé, limitant leur accessibilité aux populations socialement favorisées. Cette situation est particulièrement problématique considérant que les facteurs socioéconomiques constituent des déterminants majeurs du risque de troubles cognitifs.

Des modèles économiques innovants comme la location d’équipements, les financements solidaires ou les approches open-source peuvent contribuer à démocratiser l’accès à ces technologies. Les politiques publiques ont un rôle crucial à jouer dans la réduction de cette fracture technologique affectant des populations déjà vulnérables.

G.3. Autonomie cognitive et identité personnelle

Les technologies augmentant la mémoire soulèvent des questions fondamentales concernant l’autonomie cognitive et l’authenticité des expériences mnésiques. La dépendance croissante à des systèmes externes de mémoire modifie notre relation à nos propres souvenirs et potentiellement notre identité narrative. La distinction entre compensation de déficits pathologiques et augmentation des capacités normatives devient de plus en plus floue.

L’utilisation de technologies mnésiques soulève également la question du droit à l’oubli. Certains souvenirs traumatiques ou douloureux, que notre cerveau tendrait naturellement à atténuer, pourraient être préservés artificiellement par des systèmes d’enregistrement continu, avec des conséquences psychologiques potentiellement néfastes.

Conclusion

L’émergence d’un écosystème technologique dédié à l’amélioration de la mémoire représente une avancée significative dans la prise en charge des troubles mnésiques. Des applications mobiles aux implants cérébraux, en passant par la réalité virtuelle et les systèmes d’intelligence artificielle, ces innovations offrent un continuum d’interventions adaptées à la diversité des profils cliniques et des besoins individuels.

L’approche intégrative, combinant différentes modalités technologiques et les intégrant dans une prise en charge holistique, semble particulièrement prometteuse. La personnalisation des interventions, guidée par le phénotypage digital et l’intelligence artificielle, permet d’optimiser l’efficacité thérapeutique en ciblant précisément les mécanismes neurobiologiques spécifiques à chaque patient.

Les défis techniques et scientifiques restent néanmoins considérables. La validation clinique rigoureuse de ces technologies émergentes, leur intégration dans les parcours de soins existants et l’évaluation de leur rapport coût-efficacité constituent des priorités de recherche. Parallèlement, l’élaboration d’un cadre éthique et réglementaire adapté à ces technologies neurocognitives représente un impératif sociétal.

L’avenir de ces technologies d’augmentation mnésique dépendra de notre capacité collective à naviguer entre innovation technologique et préservation des valeurs fondamentales d’autonomie, d’équité et de protection de l’identité personnelle. Dans cette perspective, la collaboration interdisciplinaire entre neuroscientifiques, cliniciens, ingénieurs, éthiciens et patients s’avère essentielle pour développer des solutions technologiques véritablement au service du bien-être cognitif et de la dignité humaine.

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