La Maison Du Bilan, Neuropsychologie et psychologie clinique à Paris 9

Comment savoir si je souffre d’un stress post-traumatique ?


Il existe des blessures qui ne saignent pas, des fractures qui n’apparaissent sur aucune radiographie. Ce sont les blessures de la psyché, des empreintes laissées par des événements qui ont submergé nos capacités d’adaptation et ébranlé les fondations de notre sentiment de sécurité. Le temps, que l’on imagine souvent comme un baume universel, ne suffit pas toujours à guérir ces plaies intérieures. Parfois, le passé refuse de rester à sa place. Il s’immisce dans le présent sous forme de souvenirs fulgurants, de cauchemars glaçants, d’une anxiété diffuse ou d’une méfiance constante envers le monde. L’écho de l’événement traumatique ne s’estompe pas ; il se transforme en un bruit de fond permanent, modifiant la perception de soi, des autres et de l’avenir.

Cet article n’est pas une simple liste de symptômes. C’est une exploration en profondeur d’une condition clinique complexe et souvent mal comprise : le trouble de stress post-traumatique (TSPT). Notre objectif est de dépasser les caricatures pour offrir un éclairage scientifique, clinique et humain. Il s’agit de fournir les clés de compréhension nécessaires pour qu’une personne se demandant “Est-ce que je souffre de TSPT ?” puisse commencer à discerner les contours de sa propre expérience. Ce voyage au cœur du trauma et de ses séquelles se veut rigoureux, mais aussi empreint de la compassion qu’exige ce sujet. Car reconnaître la nature de sa souffrance n’est pas un aveu de faiblesse, mais le premier pas, courageux et essentiel, sur le chemin de la reconstruction.

A. Le Trauma : Définition et Nature de l’Événement Déclencheur

Avant de pouvoir identifier un TSPT, il est impératif de comprendre ce que la psychologie clinique et la psychiatrie définissent comme un “événement traumatique”. Le concept est plus précis et plus restreint que son usage dans le langage courant, où “traumatisant” peut qualifier une simple contrariété. Selon les critères diagnostiques du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, 5ème édition (DSM-5), le critère A du TSPT stipule que l’individu doit avoir été exposé à la mort effective ou à une menace de mort, à une blessure grave ou à des violences sexuelles.

Cette exposition peut se manifester de plusieurs manières, chacune étant cliniquement significative :

  • L’exposition directe : L’individu a personnellement vécu l’événement traumatique. Cela inclut, sans s’y limiter, les agressions physiques ou sexuelles, les combats militaires, les catastrophes naturelles (tremblements de terre, tsunamis), les accidents graves (de la route, industriels), les prises d’otage ou les tortures. L’élément central est l’expérience vécue dans sa propre chair.

  • Être témoin direct de l’événement : L’individu a vu l’événement arriver à d’autres personnes. Il peut s’agir d’être témoin d’une agression violente, d’un accident mortel, des conséquences immédiates d’une catastrophe ou d’un acte de guerre. La perception sensorielle directe de l’horreur vécue par autrui est ici le facteur déclencheur.

  • Apprendre que l’événement est arrivé à un proche : L’événement traumatique a touché un membre de la famille ou un ami proche. Dans ce cas, l’événement doit avoir été de nature violente ou accidentelle. Apprendre le décès d’un parent de cause naturelle, bien que profondément douloureux et pouvant entraîner un deuil complexe, ne constitue pas, en soi, un critère pour le TSPT selon le DSM-5. En revanche, apprendre que ce même parent a été victime d’un homicide ou est décédé dans un accident brutal peut l’être.

  • L’exposition répétée ou extrême à des détails aversifs de l’événement : Ce critère concerne principalement les professionnels dont le travail les confronte de manière récurrente aux aspects les plus terribles des traumas. On pense immédiatement aux premiers intervenants (pompiers, policiers, ambulanciers) qui collectent des restes humains, aux officiers de police exposés de manière répétée à des détails d’abus sur enfants, ou aux médecins et infirmiers en salle d’urgence ou en zone de guerre. Il est important de noter que cette exposition ne s’applique pas, sauf si elle est liée au travail, à une exposition via les médias électroniques, la télévision, les films ou les photographies.

La nature subjective de l’événement est également cruciale. Deux personnes exposées au même événement peuvent réagir de manière radicalement différente. La perception d’une menace imminente pour sa vie ou son intégrité physique, le sentiment d’impuissance totale et l’horreur ressentie au moment des faits sont des composantes déterminantes. Un événement n’est pas traumatique uniquement par sa nature objective, mais aussi par l’impact subjectif qu’il a sur l’individu et sa capacité à le traiter psychiquement.

B. Les Symptômes Cardinaux du TSPT : Une Plongée dans le DSM-5

Le diagnostic du TSPT ne repose pas sur un seul symptôme, mais sur une constellation de manifestations cliniques qui doivent être présentes pendant plus d’un mois et causer une détresse significative ou une altération du fonctionnement social ou professionnel. Ces symptômes sont regroupés en quatre grandes catégories (ou “clusters”).

1. Le Cluster de Reviviscence (Critère B)

C’est peut-être le symptôme le plus emblématique du TSPT. Le trauma n’est pas un simple souvenir que l’on peut ranger et consulter à sa guise ; il fait irruption dans le présent de manière involontaire et intrusive.

  • Souvenirs répétitifs, involontaires et envahissants : Des images, des pensées ou des perceptions liées à l’événement surgissent sans crier gare. Ces souvenirs ne sont pas narratifs et intégrés, mais fragmentaires et sensoriels (une odeur, un son, une image fugace).
  • Rêves répétitifs et pénibles (cauchemars) : Le contenu des rêves est directement lié à l’événement traumatique ou à ses thèmes. Le sommeil, au lieu d’être un refuge, devient une nouvelle scène pour le trauma.
  • Réactions dissociatives (flashbacks) : C’est le degré le plus intense de la reviviscence. L’individu a l’impression ou agit comme si l’événement traumatique était en train de se reproduire. Il peut perdre conscience de son environnement actuel et revivre des fragments de l’événement sur le plan sensoriel, émotionnel et comportemental. Cela peut aller d’une brève sensation de “déjà-vu” terrifiant à une perte complète de contact avec la réalité.
  • Détresse psychologique intense et prolongée lors de l’exposition à des indices : Des déclencheurs internes (une pensée, une sensation corporelle) ou externes (un lieu, une date, un bruit, une personne ressemblant à l’agresseur) provoquent une vague d’angoisse massive.
  • Réactions physiologiques marquées : En présence de ces mêmes indices, le corps réagit vivement : tachycardie, sueurs, tremblements, difficultés à respirer. Le corps se met en état d’alerte comme si le danger originel était de nouveau présent.

2. Le Cluster d’Évitement (Critère C)

Face à la douleur des reviviscences, l’individu met en place, consciemment ou non, des stratégies pour éviter tout ce qui pourrait rappeler le trauma. Si cet évitement semble adaptatif à court terme, il devient profondément invalidant et maintient le trouble sur le long terme.

  • Évitement des souvenirs, pensées ou sentiments pénibles : L’individu s’efforce de ne pas penser à l’événement, de repousser les émotions associées (peur, honte, colère). Cela peut se manifester par une hyperactivité (se “noyer” dans le travail) ou par le recours à des substances pour anesthésier la pensée.
  • Évitement des rappels externes : Cela inclut l’évitement des personnes, des lieux, des conversations, des activités, des objets et des situations qui pourraient déclencher des souvenirs pénibles. Une victime d’accident de la route pourra cesser de conduire ; une victime d’agression pourra éviter de sortir le soir ou de fréquenter certains quartiers. Cet évitement peut restreindre considérablement la vie de la personne.

3. Le Cluster des Altérations Négatives de la Cognition et de l’Humeur (Critère D)

Le trauma ne se contente pas de créer de la peur ; il peut fracturer la manière dont une personne pense et ressent, modifiant sa vision d’elle-même, des autres et du monde. Pour poser le diagnostic, au moins deux des symptômes suivants doivent être présents :

  • Amnésie dissociative : Incapacité de se souvenir d’un aspect important de l’événement traumatique. Il ne s’agit pas d’un oubli ordinaire, mais d’un mécanisme de protection psychique.
  • Croyances ou attentes négatives persistantes et exagérées concernant soi-même, les autres ou le monde : “Je suis mauvais”, “On ne peut faire confiance à personne”, “Le monde est totalement dangereux”. Ces croyances deviennent des filtres à travers lesquels toute nouvelle expérience est interprétée.
  • Distorsions cognitives persistantes concernant la cause ou les conséquences de l’événement : L’individu se blâme de manière inappropriée pour l’événement ou pour ses conséquences (“C’est de ma faute si cela est arrivé”, “J’aurais dû faire autrement”). Cette auto-culpabilisation est une tentative désespérée de reprendre un certain contrôle sur un événement chaotique.
  • État émotionnel négatif persistant : Une présence constante d’émotions comme la peur, l’horreur, la colère, la culpabilité ou la honte. La palette émotionnelle se rétrécit et se teinte de négativité.
  • Réduction marquée de l’intérêt ou de la participation à des activités importantes : Perte d’intérêt pour des hobbies, des activités sociales ou professionnelles qui étaient autrefois source de plaisir (anhédonie).
  • Sentiment de détachement ou d’étrangeté par rapport aux autres : L’individu se sent déconnecté, isolé, incapable de ressentir des émotions positives ou de se sentir proche des autres, même de sa famille.
  • Incapacité persistante à ressentir des émotions positives : Difficulté à éprouver du bonheur, de la satisfaction ou des sentiments affectueux.

4. Le Cluster des Altérations de l’Arousal et de la Réactivité (Critère E)

Le système nerveux de la personne reste en état d’alerte maximale, comme si le danger pouvait survenir à tout moment. Au moins deux des symptômes suivants sont requis :

  • Comportement irritable et accès de colère :Une faible tolérance à la frustration, des explosions de colère (verbales ou physiques) avec peu ou pas de provocation.
  • Comportement imprudent ou autodestructeur : Conduite dangereuse, abus de substances, comportements sexuels à risque. C’est une manière de gérer des émotions intolérables ou de “ressentir quelque chose” quand on se sent vide.
  • Hypervigilance : Un état de surveillance constant de l’environnement pour détecter d’éventuelles menaces. La personne scanne en permanence son entourage, ce qui est épuisant.
  • Réaction de sursaut exagérée : Sursauter de manière disproportionnée à des bruits inattendus ou au simple fait d’être touché.
  • Problèmes de concentration : Difficulté à se focaliser sur une tâche, l’esprit étant constamment envahi par la recherche de menaces ou par des pensées intrusives.
  • Perturbations du sommeil : Difficultés à s’endormir ou à rester endormi, souvent en raison de l’hypervigilance ou des cauchemars.

C. Le Spectre du Trauma : TSPT, TSPT Complexe et Autres Réactions

Il est essentiel de comprendre que le TSPT classique n’est qu’une des issues possibles après un trauma. Le paysage des troubles liés au trauma est plus large.

  • Le Trouble de Stress Aigu (TSA) : Le TSA présente des symptômes très similaires à ceux du TSPT (reviviscences, évitement, humeur négative, hyperéveil). La principale différence réside dans la temporalité. Le diagnostic de TSA est posé si les symptômes durent entre trois jours et un mois après l’événement traumatique. Si les symptômes persistent au-delà d’un mois, le diagnostic peut être modifié en TSPT. Le TSA est un indicateur de risque important pour le développement ultérieur d’un TSPT.

  • Le Trouble de Stress Post-Traumatique Complexe (TSPT-C) : Ce concept, qui figure dans la Classification Internationale des Maladies, 11ème révision (CIM-11), mais pas encore comme diagnostic distinct dans le DSM-5, est d’une importance capitale. Le TSPT-C résulte généralement d’une exposition à des traumatismes prolongés ou répétés, desquels il est difficile ou impossible de s’échapper. On pense typiquement aux abus chroniques durant l’enfance (physiques, sexuels, émotionnels), à la violence domestique prolongée, à la captivité, à la torture ou au génocide.

    En plus des trois clusters de symptômes du TSPT (reviviscence, évitement, sentiment de menace), le TSPT-C inclut des perturbations sévères et persistantes dans trois autres domaines, que l’on appelle les “perturbations de l’auto-organisation” :

    1. Problèmes de régulation des affects : Difficultés extrêmes à gérer les émotions, se traduisant par une réactivité émotionnelle intense, des accès de colère, des comportements autodestructeurs ou une dissociation chronique.
    2. Croyances négatives sur soi : Sentiments persistants de dévalorisation, de honte, de culpabilité et d’échec, liés au trauma. La personne se sent souillée, vaincue, et intrinsèquement “mauvaise”.
    3. Perturbations dans les relations : Difficultés à maintenir des relations proches, sentiment de distance et de coupure avec les autres, ou au contraire, tendance à s’engager dans des relations intenses mais instables.

Le TSPT-C capture mieux la réalité des survivants de traumas développementaux ou chroniques, dont les blessures affectent le cœur même de leur personnalité et de leur capacité à interagir avec le monde.

D. Neurobiologie du TSPT : Quand le Cerveau Reste en Alerte

Le TSPT n’est pas un manque de “force de caractère”. C’est une condition neurobiologique mesurable, une altération des circuits cérébraux responsables de la gestion de la peur, de la mémoire et de la régulation émotionnelle.

  • L’amygdale hyperactive : L’amygdale, le centre de détection de la peur dans notre cerveau, devient hypersensible après un trauma. Elle fonctionne comme une alarme incendie défectueuse qui se déclenche au moindre signe de fumée, même s’il n’y a pas de feu. C’est elle qui est à l’origine de l’hypervigilance, des réactions de sursaut et des réponses de peur intenses face à des déclencheurs.

  • L’hippocampe altéré : L’hippocampe est crucial pour la contextualisation des souvenirs. Il permet de dater et de localiser un souvenir, de le classer comme “passé”. Dans le TSPT, l’activité de l’hippocampe est souvent réduite. Par conséquent, les souvenirs du trauma ne sont pas correctement encodés comme appartenant au passé. Ils sont vécus comme s’ils se produisaient “maintenant”, ce qui explique la nature immersive et terrifiante des flashbacks.

  • Le cortex préfrontal médial (CPFm) sous-actif : Le CPFm agit comme un “frein” sur l’amygdale. Il est responsable de la régulation des émotions et de l’extinction de la peur une fois le danger passé. Chez les personnes souffrant de TSPT, ce “frein” est moins efficace. L’amygdale hyperactive n’est plus suffisamment régulée, ce qui entraîne une réponse de peur prolongée et inappropriée.

  • L’axe du stress (HHS) dérégulé : L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) gère la libération de cortisol, l’hormone du stress. Dans le TSPT, ce système peut être dérégulé. Certains individus présentent des niveaux de cortisol chroniquement bas, ce qui, paradoxalement, peut renforcer la consolidation des souvenirs traumatiques et empêcher le système de “s’éteindre” correctement après une réponse au stress.

En somme, le cerveau d’une personne atteinte de TSPT reste bloqué en mode “survie”, incapable de faire la distinction entre un danger passé et une sécurité présente.

E. Les Facteurs de Risque et de Protection : Pourquoi Moi ?

Tout individu exposé à un trauma ne développe pas nécessairement un TSPT. La recherche a identifié plusieurs facteurs qui modulent ce risque.

  • Facteurs de risque pré-traumatiques : Avoir des antécédents de traumatismes (en particulier durant l’enfance), des antécédents familiaux ou personnels de troubles psychiatriques (anxiété, dépression), un tempérament neurotique, un niveau socio-économique plus faible.
  • Facteurs de risque péri-traumatiques (pendant l’événement) : La sévérité du trauma est un prédicteur majeur. La perception d’une menace de mort, la gravité des blessures physiques, la violence interpersonnelle (les traumas infligés par d’autres humains sont souvent plus dommageables que les catastrophes naturelles) et la dissociation pendant l’événement sont des facteurs aggravants.
  • Facteurs de risque post-traumatiques : Le manque de soutien social après l’événement est l’un des plus puissants prédicteurs du TSPT. La présence de stresseurs de vie supplémentaires (perte d’emploi, deuil, conflits familiaux) et le développement de stratégies d’adaptation inefficaces (évitement, abus de substances) augmentent également le risque.

À l’inverse, des facteurs de protection existent : un soutien social solide et perçu comme efficace, une bonne capacité de coping, l’accès rapide à une prise en charge psychologique appropriée et la capacité à trouver un sens ou une croissance personnelle à la suite de l’événement (croissance post-traumatique).

F. Le Diagnostic Différentiel : Ne Pas Confondre le TSPT avec…

De nombreux symptômes du TSPT recoupent ceux d’autres troubles mentaux. Un diagnostic précis par un professionnel est donc indispensable pour éviter les erreurs d’aiguillage thérapeutique.

  • Le Trouble Dépressif Majeur : Le chevauchement est important (humeur négative, anhédonie, troubles du sommeil, problèmes de concentration). Cependant, la dépression n’inclut pas les symptômes de reviviscence et d’évitement spécifiques au trauma qui sont au cœur du TSPT.
  • Les Troubles Anxieux (Trouble Panique, Anxiété Sociale, Anxiété Généralisée) : Bien que l’anxiété soit une composante majeure du TSPT, dans les autres troubles anxieux, elle n’est pas spécifiquement liée à un événement traumatique identifiable. La peur dans le trouble panique est souvent “hors contexte”, tandis que dans le TSPT, elle est une réactivation de la peur originelle.
  • Le Trouble Obsessionnel-Compulsif (TOC) :Les pensées intrusives du TOC (obsessions) peuvent ressembler aux reviviscences du TSPT. La différence clé est que les obsessions du TOC ne sont pas liées à un événement traumatique réel et sont souvent perçues comme irrationnelles par le sujet (ego-dystoniques), tandis que les reviviscences du TSPT sont des fragments de mémoire d’un événement réel.
  • Les Troubles Dissociatifs : La dissociation est un symptôme du TSPT, mais elle peut aussi constituer un trouble à part entière (ex: trouble de l’identité dissociatif). Le diagnostic dépendra de la prédominance des symptômes dissociatifs par rapport aux autres clusters du TSPT.

G. L’Auto-Évaluation : Outils et Limites

Si vous vous reconnaissez dans la description des symptômes, il existe des questionnaires d’auto-évaluation qui peuvent servir de premier filtre. Le plus utilisé est la “PTSD Checklist for DSM-5” (PCL-5). Ce questionnaire de 20 items demande à la personne d’évaluer sur une échelle de 0 à 4 la sévérité de chaque symptôme du TSPT au cours du mois écoulé. Un score total élevé (généralement autour de 31-33) est considéré comme un indicateur d’un TSPT probable.

Il est cependant d’une importance capitale de comprendre les limites de ces outils. Un questionnaire ne peut, en aucun cas, remplacer une évaluation clinique complète menée par un professionnel de la santé mentale qualifié (psychiatre ou psychologue). Pourquoi ?

  • Il ne peut pas établir un diagnostic différentiel.
  • Il ne peut pas évaluer la sévérité de l’altération du fonctionnement.
  • Il ne prend pas en compte les comorbidités (la présence fréquente d’autres troubles, comme la dépression ou l’addiction).
  • Seul un clinicien peut interpréter les réponses dans le contexte global de votre histoire de vie et de votre situation actuelle.

Utilisez ces outils comme un thermomètre : ils peuvent vous indiquer que vous avez “de la fièvre”, mais seul un médecin peut en diagnostiquer la cause et prescrire le bon traitement.

H. Quand et Comment Chercher de l’Aide ? Les Voies vers la Guérison

Si les symptômes décrits persistent plus d’un mois, qu’ils provoquent une souffrance intense et qu’ils impactent négativement votre vie quotidienne (travail, relations, bien-être), il est temps de consulter. Le message le plus important est celui-ci : le TSPT se traite. Il existe des thérapies efficaces, validées par des décennies de recherche scientifique.

Les approches thérapeutiques de première ligne (recommandées par les guides de pratique internationaux) sont des psychothérapies spécifiques, centrées sur le trauma :

  • La Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) centrée sur le trauma :

    • La Thérapie d’Exposition Prolongée (Prolonged Exposure - PE) : Elle aide les individus à affronter progressivement et de manière sécurisée les souvenirs (exposition imaginaire) et les situations (exposition in vivo) qu’ils évitent. Le but est de “réapprendre” au cerveau que ces déclencheurs ne sont plus dangereux, un processus appelé habituation.
    • La Thérapie du Traitement Cognitif (Cognitive Processing Therapy - CPT) : Elle se concentre sur l’identification et la modification des croyances négatives et dysfonctionnelles (“stuck points”) liées au trauma (ex: sur la culpabilité, la sécurité, la confiance). L’objectif est de restructurer la pensée pour permettre une vision plus réaliste et adaptative de l’expérience.
  • L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing - Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires) : Cette thérapie utilise des stimulations bilatérales alternées (mouvements oculaires, tapotements ou sons) pendant que la personne se concentre sur le souvenir traumatique. Le mécanisme exact est encore débattu, mais on pense qu’il facilite la communication entre les hémisphères cérébraux et aide le cerveau à “digérer” ou retraiter le souvenir, réduisant sa charge émotionnelle et le rangeant correctement dans la mémoire autobiographique.

  • La pharmacothérapie : Les médicaments peuvent être une aide précieuse, souvent en complément d’une psychothérapie. Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), comme la sertraline et la paroxétine, sont les plus étudiés et recommandés. Ils peuvent aider à réduire l’intensité des symptômes d’anxiété, de dépression et d’irritabilité, rendant le travail psychothérapeutique plus accessible.

Pour trouver de l’aide, adressez-vous à votre médecin traitant qui pourra vous orienter, ou contactez directement des psychologues ou psychiatres spécialisés dans la prise en charge du psychotraumatisme. Renseignez-vous sur leur formation et leur approche pour vous assurer qu’ils pratiquent une des thérapies basées sur les preuves.

Conclusion : Reprendre le Fil de son Existence

Savoir si l’on souffre d’un trouble de stress post-traumatique est un processus de reconnaissance. C’est nommer une souffrance qui, jusqu’alors, pouvait sembler chaotique, honteuse ou insurmontable. Le TSPT n’est ni une fatalité, ni une faiblesse morale. C’est la signature neurologique et psychologique d’une blessure, une réponse humaine compréhensible à un événement inhumain ou insupportable.

Cette exploration clinique vous a, nous l’espérons, fourni une carte détaillée du territoire du TSPT. Si le paysage décrit vous semble familier, si les symptômes énumérés résonnent avec votre vécu, considérez cela non pas comme une sentence, mais comme un point de départ. La compréhension est le prélude à l’action. La guérison du trauma n’est pas un retour à un “avant” idéalisé, car l’événement a eu lieu et a laissé sa marque. C’est plutôt une intégration, un processus de reconstruction où les fragments du trauma sont progressivement réassemblés au sein d’une histoire de vie qui peut, à nouveau, se tourner vers l’avenir. Le chemin peut être exigeant, mais il existe. Demander de l’aide n’est pas un aveu d’échec ; c’est l’acte le plus courageux de reprise de pouvoir sur sa propre vie.

Les sources :

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