La Maison Du Bilan, Neuropsychologie et psychologie clinique à Paris 9

Quelles sont en France les différentes étapes pour faire reconnaitre le handicap d'un enfant ?


La trajectoire qui mène de l’intuition parentale d’une différence à la reconnaissance institutionnelle d’un handicap est bien plus qu’une simple succession de démarches administratives. Elle constitue un processus complexe de légitimation, où le vécu subjectif d’une famille rencontre la rationalité nosographique et la logique bureaucratique. Pour un enfant présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), ce parcours est paradigmatique des tensions inhérentes à la notion même de handicap neurodéveloppemental. Il ne s’agit pas ici de “réparer” une déficience visible, mais de faire comprendre et admettre l’impact fonctionnel d’un fonctionnement neurologique atypique sur la participation sociale, l’autonomie et les apprentissages.

Cet article se propose de déconstruire, avec une rigueur clinique et juridique, les différentes étapes de ce processus en France. Loin de se limiter à un guide pratique, notre objectif est d’analyser les fondements conceptuels de chaque phase, de l’émergence des premiers signes à l’obtention des droits et des aides. Nous examinerons comment le diagnostic, acte clinique par essence, doit être “traduit” en un langage compréhensible pour l’administration, et comment le “projet de vie”, pièce maîtresse du dossier, devient l’espace où la singularité de l’enfant peut et doit s’exprimer. En naviguant entre les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), le cadre de la loi de 2005 et la réalité des évaluations, nous éclairerons les enjeux, les leviers et les écueils d’un parcours qui vise, in fine, à transformer une reconnaissance en une véritable compensation, ouvrant la voie à une inclusion réussie.

A. L’Odyssée du Diagnostic : De l’Observation à la Caractérisation Clinique

Le point de départ de toute démarche est la phase de repérage et de diagnostic. Cette étape est fondamentale, car elle pose les bases scientifiques et cliniques sur lesquelles reposera l’ensemble du dossier administratif. Elle transforme une inquiétude ou une observation empirique en une entité nosographique définie, objectivable et communicable.

Le Repérage des Signes d’Alerte : Une Synergie d’Acteurs

Les premiers signes d’un trouble du neurodéveloppement (TND) sont souvent subtils et peuvent être interprétés de diverses manières. Le repérage initial est rarement le fait d’un seul acteur mais plutôt d’une triangulation d’observations.

  • La sphère parentale : Les parents sont les premiers experts de leur enfant. Leur inquiétude peut naître d’un décalage perçu par rapport aux normes développementales (retard de langage, absence de pointage, difficultés d’interaction), d’une observation de comportements atypiques (stéréotypies, intérêts restreints, hypersensorialité pour le TSA) ou de difficultés comportementales et attentionnelles persistantes (agitation motrice constante, inattention majeure, impulsivité pour le TDAH). Cette intuition parentale, ou “plainte”, doit être entendue et investiguée avec le plus grand sérieux par les professionnels.

  • La sphère scolaire : L’école est un milieu normé qui exacerbe souvent les difficultés. Les enseignants peuvent observer des difficultés d’intégration au groupe, un isolement, des problèmes de communication, une incapacité à suivre les consignes, une attention fuyante ou une agitation perturbatrice. L’équipe éducative, via le médecin scolaire ou le psychologue de l’Éducation Nationale, joue un rôle crucial dans l’alerte et la première formalisation des difficultés via le GEVASco-Réexamen, qui sera un document central par la suite.

  • La sphère médicale de première ligne : Le pédiatre ou le médecin généraliste est souvent le premier interlocuteur professionnel. Son rôle est d’écouter la plainte, de réaliser un examen clinique complet pour écarter d’autres causes organiques et d’utiliser des outils de dépistage standardisés (e.g., M-CHAT pour le risque de TSA chez le jeune enfant) pour objectiver le besoin d’une évaluation spécialisée.

2. Le Processus Diagnostique : Une Évaluation Multidisciplinaire et Rigoureuse

Le diagnostic d’un TND ne peut résulter d’une simple consultation. Il exige une évaluation approfondie, coordonnée et menée par une équipe pluridisciplinaire, conformément aux recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS). L’objectif n’est pas seulement de “poser une étiquette”, mais d’établir un profil fonctionnel complet de l’enfant, identifiant ses forces et ses faiblesses.

  • Pour le Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) :
    Le diagnostic repose sur les critères du DSM-5 ou de la CIM-11, qui définissent le TSA par la présence de déficits persistants dans la communication et les interactions sociales, et par le caractère restreint et répétitif des comportements, des intérêts ou des activités.
    L’évaluation standardisée (“gold standard”) implique typiquement :

    • L’ADOS-2 (Autism Diagnostic Observation Schedule, 2nd Edition) : Il s’agit d’une évaluation semi-structurée et standardisée de la communication, de l’interaction sociale et du jeu ou de l’utilisation imaginative du matériel. L’examinateur crée des contextes sociaux spécifiques pour observer les comportements de l’enfant.
    • L’ADI-R (Autism Diagnostic Interview-Revised) : C’est un entretien structuré mené avec les parents pour recueillir des informations détaillées sur le développement de l’enfant, en particulier dans les domaines clés du TSA.
    • Bilans complémentaires : Un bilan neuropsychologique évalue le fonctionnement cognitif global (QI) et les fonctions exécutives. Un bilan orthophonique analyse le langage et la communication. Un bilan psychomoteur et ergothérapeutique explore les particularités motrices et sensorielles, qui sont des aspects cruciaux du phénotype autistique.
  • Pour le Trouble du Déficit de l’Attention avec/sans Hyperactivité (TDAH) :
    Le diagnostic du TDAH est également basé sur les critères du DSM-5/CIM-11, qui requièrent la présence de symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité, présents dans plusieurs contextes (maison, école) et ayant un impact négatif sur le fonctionnement.
    Le processus diagnostique est avant tout clinique et différentiel :

    • Anamnèse détaillée : Le clinicien (pédopsychiatre, neuropédiatre, psychologue spécialisé) mène des entretiens approfondis avec l’enfant et ses parents pour retracer l’histoire développementale et la nature des difficultés.
    • Échelles d’évaluation standardisées : Des questionnaires comme l’échelle de Conners ou l’ADHD Rating Scale-IV sont remplis par les parents et les enseignants pour quantifier la fréquence et l’intensité des symptômes dans différents environnements.
    • Bilan neuropsychologique : Il est indispensable. Il ne “diagnostique” pas le TDAH mais objective le déficit fonctionnel. Des tests spécifiques évaluent l’attention soutenue, l’attention divisée, le contrôle inhibiteur, la planification et la mémoire de travail (e.g., CPT-II, test de Stroop, Tour de Londres, subtests de la WISC-V). Ce bilan est aussi crucial pour le diagnostic différentiel (écarter un trouble des apprentissages, une déficience intellectuelle, etc.) et pour identifier les comorbidités fréquentes (troubles “dys”, anxiété).

Le produit final de cette phase est un compte-rendu diagnostique détaillé, qui non seulement nomme le trouble mais surtout, décrit précisément son retentissement sur la vie quotidienne de l’enfant. C’est ce document qui servira de pierre angulaire au dossier administratif.

B. La Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) : L’Instance de Traduction Institutionnelle

Une fois le diagnostic clinique posé, la famille entre dans la sphère administrative. L’interlocuteur unique est la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). Comprendre sa mission et sa philosophie est essentiel pour aborder la suite du processus.

Mission et Philosophie de la MDPH

Créée par la loi du 11 février 2005 pour “l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées”, la MDPH a pour vocation d’être un guichet unique. Sa mission est d’accueillir, d’informer, d’accompagner et de conseiller les personnes handicapées et leur famille.

Le concept central de la loi de 2005 est une définition sociale et situationnelle du handicap. Le handicap n’est plus défini par la seule déficience (le diagnostic médical), mais comme “toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant”.

Cette définition est capitale pour les TND. Pour un enfant avec un TSA ou un TDAH, l’altération de la fonction (neurologique) entraîne des limitations d’activité (difficulté à se concentrer, à interagir, à gérer ses émotions) qui, en interaction avec un environnement non adapté (une salle de classe bruyante, des règles sociales implicites), créent une situation de handicap (échec scolaire, isolement social). La MDPH a donc pour rôle d’évaluer non pas le trouble en lui-même, mais bien cette situation de handicap.

2. Les Acteurs Clés au sein de la MDPH

  • L’Équipe Pluridisciplinaire d’Évaluation (EPE) : C’est le cœur technique de la MDPH. Composée de médecins, psychologues, travailleurs sociaux, ergothérapeutes, enseignants référents, etc., son rôle est d’analyser chaque demande. L’EPE n’effectue pas de nouveau diagnostic. Elle évalue les besoins de compensation de la personne sur la base des documents fournis et en s’appuyant sur le “projet de vie” de la famille.

  • La Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH) : C’est l’instance de décision. Elle est composée de représentants du département, de l’État, des organismes de protection sociale, des organisations syndicales, des associations de parents et de personnes handicapées. Sur la base de l’évaluation menée par l’EPE, la CDAPH prend les décisions relatives aux droits et prestations (attribution d’allocations, orientation scolaire, etc.). La famille n’est généralement pas présente, d’où l’importance capitale de la qualité du dossier déposé.

C. La Constitution du Dossier MDPH : L’Art de la Narration Probante

La constitution du dossier est l’étape la plus exigeante pour les familles. Il ne s’agit pas de remplir passivement des formulaires, mais de construire un argumentaire solide et cohérent qui doit convaincre l’EPE de la réalité et de l’intensité du handicap. Chaque pièce est un élément de preuve.

Le Formulaire de Demande (Cerfa n°15692*01)

Ce document administratif est l’ossature du dossier. Il rassemble les informations d’identité, la situation familiale et professionnelle, mais surtout, il contient des sections cruciales où la famille doit exprimer ses demandes et ses attentes. Il doit être rempli avec une précision méticuleuse.

Le Certificat Médical (Cerfa n°15695*01)

Ce document, à faire remplir par un médecin spécialiste (pédopsychiatre, neuropédiatre), est une pièce maîtresse. Sa qualité est déterminante. Un certificat se contentant de mentionner “diagnostic de TDAH” est insuffisant. Le médecin doit :

  • Dater le début des troubles.
  • Décrire en détail les diagnostics (principal et associés/comorbidités).
  • Surtout, décrire le retentissement fonctionnel des troubles. Il doit traduire le diagnostic en limitations concrètes.
    • Exemple pour le TSA : “Retentissement majeur sur les interactions sociales avec incapacité à initier ou maintenir une conversation réciproque ; anxiété massive face aux imprévus et aux changements de routine nécessitant un cadre ultra-structuré ; hypersensorialité auditive et tactile rendant l’environnement scolaire classique (cantine, cour de récréation) extrêmement aversif et source de crises comportementales ; difficultés de communication pragmatique malgré un bon niveau de langage formel.”
    • Exemple pour le TDAH : “Déficit attentionnel sévère entraînant une incapacité à maintenir son attention sur une tâche scolaire plus de quelques minutes sans supervision humaine directe ; impulsivité motrice et verbale majeure compromettant les relations avec les pairs et l’adhésion aux règles de la classe ; déficit des fonctions exécutives (planification, organisation) rendant l’enfant incapable d’organiser son travail et ses affaires de manière autonome.”
      Le médecin doit également lister les soins et rééducations en cours et préconisés (orthophonie, psychomotricité, suivi psychologique, groupe d’habiletés sociales, traitement médicamenteux éventuel).
Le Projet de Vie : La Voix de la Famille

Partie non obligatoire mais absolument cruciale, le “projet de vie” est un texte libre rédigé par les parents (ou avec l’enfant s’il est en âge de le faire). C’est l’opportunité unique de contextualiser les données cliniques, de donner du sens aux difficultés et d’exprimer les aspirations de la famille pour l’enfant. Un projet de vie efficace doit être structuré, factuel et personnel.

  • Structure : Il peut décrire une journée ou une semaine type de l’enfant, en mettant en lumière les efforts constants qu’il doit fournir et l’aide permanente que les parents doivent apporter (aide aux devoirs qui dure des heures, gestion des crises, préparation aux transitions, etc.).
  • Contenu : Il doit détailler les difficultés dans tous les domaines de la vie : scolarité, vie sociale, loisirs, autonomie à la maison (repas, habillage, sommeil). Il est aussi important de mentionner les forces et les passions de l’enfant pour ne pas le réduire à ses difficultés.
  • Demandes : Le projet de vie doit déboucher sur des demandes de compensation claires et argumentées, en lien avec les difficultés décrites. Par exemple : “En raison de ses difficultés attentionnelles, nous sollicitons la présence d’une AESH pour l’aider à rester focalisé en classe. Pour compenser les coûts des séances d’ergothérapie non remboursées, indispensables pour travailler sa sensorialité, nous demandons un complément d’AEEH.”

4. Le GEVASco (Guide d’Évaluation des besoins de compensation en matière de Scolarisation)

Lorsque la demande concerne la scolarisation, le GEVASco est une pièce centrale. Ce document est rempli par l’équipe éducative de l’école (enseignant, directeur, psychologue scolaire, médecin scolaire) en réunion avec les parents. Il détaille de manière très structurée les activités de l’enfant à l’école, en pointant ce qu’il peut faire seul, avec de l’aide ou pas du tout. Il couvre les apprentissages, la mobilité, la sécurité, les actes essentiels de la vie quotidienne, la vie sociale. C’est l’objectivation du retentissement du trouble dans le milieu scolaire. Les parents doivent s’assurer que le GEVASco reflète fidèlement la réalité des difficultés et ne les minimise pas.

5. Les Pièces Complémentaires : Construire un Faisceau de Preuves

Il est impératif de joindre tous les comptes-rendus de bilans disponibles :

  • Bilan neuropsychologique complet.
  • Bilan orthophonique.
  • Bilan psychomoteur ou ergothérapeutique.
  • Tout courrier de suivi de la part du pédopsychiatre, psychologue, etc.
  • Éventuellement, des exemples de travaux scolaires, des mots des enseignants.

Chaque document ajoute une couche de légitimité à la demande. Le dossier doit être une photographie à 360 degrés, cohérente et exhaustive, de la situation de handicap de l’enfant.

D. L’Évaluation et la Décision : Le Passage au Crible Institutionnel

Une fois le dossier déposé, il est analysé par l’EPE, qui formule des propositions à la CDAPH. Cette phase est souvent opaque pour les familles.

1. L’Analyse par l’Équipe Pluridisciplinaire d’Évaluation (EPE)

L’EPE va “traduire” les informations du dossier en termes de besoins de compensation. Pour ce faire, elle s’appuie sur un référentiel national, le Guide-barème pour l’évaluation des déficiences et incapacités des personnes handicapées (décret n° 2007-1574). Ce guide-barème permet de déterminer un taux d’incapacité.

  • Taux inférieur à 50% : Les troubles sont réels mais n’entraînent pas de restriction notable de la participation à la vie sociale. La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) est possible, mais pas les allocations.
  • Taux entre 50% et 79% : Les troubles entraînent des difficultés notables dans la vie sociale, mais l’autonomie est conservée pour les actes essentiels. C’est le taux le plus fréquemment attribué pour des TND comme le TDAH ou le TSA sans déficience intellectuelle associée, qui donne droit à l’AEEH de base et à d’autres aides.
  • Taux égal ou supérieur à 80% : La personne est entravée de manière majeure dans sa vie quotidienne et nécessite une aide effective (humaine ou technique) pour les actes essentiels, ou une surveillance permanente. Ce taux ouvre droit à l’AEEH et à ses compléments les plus élevés, ainsi qu’à la PCH.

L’évaluation pour le TSA et le TDAH se concentre sur l’impact fonctionnel :

  • Pour le TSA : L’EPE va évaluer la sévérité des troubles de la communication sociale, l’intensité des comportements répétitifs, le besoin de surveillance pour éviter les mises en danger, l’intensité de l’aide humaine nécessaire pour gérer le quotidien (routines, anxiété, transitions) et l’accès aux apprentissages.
  • Pour le TDAH : L’évaluation portera sur l’impact du déficit attentionnel sur la scolarité, la nécessité d’une aide humaine constante pour le travail scolaire, le degré de dangerosité lié à l’impulsivité, et le retentissement sur les relations sociales. La présence de comorbidités (trouble oppositionnel avec provocation, anxiété, troubles “dys”) alourdit significativement le retentissement et peut justifier un taux plus élevé.
Le Plan Personnalisé de Compensation (PPC)

À l’issue de son évaluation, l’EPE élabore une proposition de Plan Personnalisé de Compensation (PPC). Ce plan liste l’ensemble des mesures jugées nécessaires pour répondre aux besoins de l’enfant : aides humaines (AESH), aides financières (AEEH et ses compléments), aides techniques (matériel pédagogique adapté), orientation scolaire (milieu ordinaire, ULIS, IME), etc.

La Décision de la CDAPH

La CDAPH se réunit et statue sur la base des propositions de l’EPE. Elle notifie ensuite ses décisions à la famille par courrier. Ces décisions sont valables pour une durée déterminée (généralement entre 2 et 5 ans), à l’issue de laquelle un réexamen complet du dossier sera nécessaire.

E. Les Droits et Prestations : La Matérialisation de la Reconnaissance

L’obtention d’une décision positive de la CDAPH ouvre l’accès à un ensemble de droits et de prestations visant à compenser le handicap.

1. Les Aides Financières

  • L’Allocation d’Éducation de l’Enfant Handicapé (AEEH) : C’est une aide de base, versée sans condition de ressources, à toute famille dont l’enfant a un taux d’incapacité d’au moins 50%. Elle vise à compenser les frais d’éducation et de soins.
  • Les Compléments de l’AEEH : Ils sont attribués en plus de l’AEEH de base, en fonction du coût du handicap, de la nécessité pour un parent de cesser ou réduire son activité professionnelle, ou du recours à une tierce personne rémunérée. Il existe 6 catégories de compléments. L’attribution d’un complément dépend d’une analyse fine des dépenses engagées (thérapies non remboursées comme la psychomotricité, l’ergothérapie, les suivis psychologiques) et du temps d’aide parentale supplémentaire.
  • La Prestation de Compensation du Handicap (PCH) : C’est une aide personnalisée, versée sous certaines conditions, qui peut couvrir des besoins en aide humaine, aide technique, aménagement du logement ou du véhicule, etc. Pour les enfants, la PCH est souvent demandée pour financer une aide humaine importante, par exemple pour des interventions éducatives à domicile de type ABA pour un enfant avec TSA. Les parents ont le droit de choisir entre les compléments de l’AEEH et la PCH (le cumul n’est pas possible pour les mêmes types de frais).
Les Aides à la Scolarisation

La décision de la CDAPH peut ouvrir droit à la mise en place d’un Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS). C’est le document qui organise le parcours scolaire de l’enfant. Il peut inclure :

  • L’attribution d’un Accompagnant d’Élèves en Situation de Handicap (AESH) : L’aide peut être mutualisée (l’AESH aide plusieurs élèves) ou individualisée (l’AESH est dédiée à un seul élève pour un nombre d’heures défini par semaine). Le besoin d’une AESH doit être solidement argumenté dans le dossier.
  • L’attribution de matériel pédagogique adapté (MPA) : Par exemple, un ordinateur avec des logiciels spécifiques pour un enfant dyspraxique ou ayant des difficultés graphomotrices sévères associées à son TDAH.
  • Une orientation scolaire : Si le maintien en milieu ordinaire n’est plus adapté malgré les compensations, la CDAPH peut proposer une orientation vers un dispositif collectif comme une ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire) au sein d’un collège ou d’une école, ou vers un établissement médico-social (IME, ITEP).
Autres Droits

La reconnaissance du handicap peut également donner droit à la Carte Mobilité Inclusion (CMI), qui peut porter les mentions “Priorité”, “Invalidité” (si le taux est >= 80%) et/ou “Stationnement”.

F. Les Voies de Recours : Contester une Décision Jugée Inadéquate

Il arrive que les décisions de la CDAPH ne soient pas à la hauteur des attentes ou des besoins réels de l’enfant. Il existe des voies de recours structurées.

La Conciliation

Avant tout recours formel, la famille peut demander une conciliation. Une personne indépendante est désignée pour tenter de trouver une solution à l’amiable entre la famille et la MDPH.

Le Recours Administratif Préalable Obligatoire (RAPO)

Si la conciliation échoue ou n’est pas souhaitée, la famille dispose de deux mois après la notification de la décision pour déposer un RAPO auprès de la MDPH. Il s’agit d’un courrier argumenté demandant à la CDAPH de revoir sa décision. Il est crucial d’apporter de nouveaux éléments pour appuyer ce recours : un nouveau bilan, un courrier d’un professionnel détaillant l’aggravation de la situation ou précisant l’impact de la décision initiale, un projet de vie plus détaillé. Un RAPO sans élément nouveau a peu de chances d’aboutir.

Le Recours Contentieux

Si le RAPO est rejeté (explicitement ou implicitement par absence de réponse sous deux mois), la famille peut alors saisir la justice. Le recours est porté devant le Pôle social du Tribunal Judiciaire. C’est une procédure plus lourde, souvent longue, où il est conseillé de se faire assister par un avocat ou une association spécialisée. Le juge statuera sur le fond, en se basant sur les pièces du dossier et potentiellement une expertise médicale judiciaire.

Conclusion

Le parcours de reconnaissance du handicap pour un enfant présentant un trouble du neurodéveloppement en France est un processus exigeant, à la croisée du clinique, du social et de l’administratif. Il requiert des familles une résilience et une capacité de plaidoyer considérables. La clé du succès réside dans la capacité à transformer un diagnostic nosographique en une narration fonctionnelle et probante. Il ne suffit pas de dire “mon enfant a un TSA/TDAH” ; il faut démontrer, pièces à l’appui, comment ce fonctionnement neurologique particulier se traduit par des limitations d’activité et des restrictions de participation qui justifient une compensation par la solidarité nationale.

Ce chemin, bien que semé d’embûches, est un acte fondateur. Il permet non seulement d’accéder à des droits et des aides indispensables, mais il constitue également une forme de reconnaissance sociale de la réalité vécue par l’enfant et sa famille. La qualité du diagnostic initial, l’exhaustivité du dossier MDPH et la précision du projet de vie sont les leviers stratégiques qui permettent de naviguer au mieux dans ce système complexe, avec pour seul horizon le bien-être, l’épanouissement et l’inclusion pleine et entière de l’enfant dans la société.

Les sources :


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